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Bernard Hoursiangou : une joie de vivre communicative

Article paru dans RUGBY MAG (n° 1129 de janvier 2014)

Une joie de vivre communicative

Accidenté sur un terrain il y a quarante ans, Bernard Hoursiangou est chargé d’animer le site de Rugby Espoir Solidarité. Longtemps secrétaire de son club d’Habas dans les Landes, il n’a jamais coupé les ponts avec son sport.

C’est à 19 ans que Bernard Hoursiangou a été victime d’un grave accident à Linxe (Landes) lors d’un match de juniors opposant l’équipe locale à l’US Habassaise dont il portait le maillot. « C’était le 25 février 1973, je jouais arrière et en plaquant un adversaire, ma tête a heurté sa hanche. Il y a eu fracture et luxation des cervicales C6-C7, explique-t-il. J’ai été transporté à l’hôpital à Bordeaux. J’étais tétraplégique et j’ai commencé ma rééducation au centre de la Tour de Gassies, à Bruges »

Après douze semaines, alors que les médecins ne s’y attendaient pas du tout, il sent les premiers signes de récupération. « J’ai peu à peu réussi à me mettre debout et j’ai retrouvé partiellement la marche, avec des cannes dans un premier temps, puis sans canne. Mais aujourd’hui, avec l’âge, je suis le plus souvent sur un fauteuil pour ma sécurité et mon confort personnel »

Etudiant en sciences à Pau, il se destinait à travailler dans l’enseignement ou dans l’industrie chimique lors de son accident et a pu reprendre ses études un an et demi après. « J’ai obtenu ma licence de chimie et un emploi dans une usine d’engrais à Misson où j’ai fait toute ma carrière. Le chef d’entreprise, qui connaissait mon père, m’avait promis de m’embaucher et il a tenu parole ».

Bernard Hoursiangou qui n’a jamais coupé les ponts avec le rugby a été durant une vingtaine d’année secrétaire du club d’Habas, commune où il habite toujours, et s’il a désormais pris un peu de recul, il continue à suivre les résultats de l’équipe et revient, en fauteuil, voir des matchs. Il rappelle « l‘importance de l’environnement familial, mais aussi du club qui a été une seconde famille pour moi. Mes parents n’avaient pas de voiture et il y a eu une chaîne de solidarité pour les emmener à Bordeaux, puis à Bruges, sans oublier les visites des dirigeants du club ». Cette année, le cinquantenaire de l’US Habassaise a été l’occasion de revoir d’anciens partenaires de jeu.

LE SEUL MOYEN DE S’EN SORTIR

« Ayant été consolidé à moins de 65% d’invalidité par les assurances après avoir récupéré de mon accident, je n’étais pas considéré comme un grand blessé, mais j’ai eu l’occasion de connaître Jean Arhancet et, mon état s’étant aggravé, j’ai intégré Rugby Espoir Solidarité », raconte Bernard Hoursiangou qui est en charge du site de l’association (www.res.asso.fr), succédant ainsi à Pierre Arduré. « Je me suis proposé quand il n’a plus été en mesure de s’en occuper et je travaille avec Philippe Cubaynes, qui préside Rugby Espoir Solidarité, en essayant de rendre le site le plus vivant possible, avec les comptes rendus des assemblées générales, des infos médicales et de vie pratique, des photos, etc. »

L’intéressé reconnaît « avoir découvert sur le tard » la Fondation Albert Ferrasse « en raison de mon état de santé qui s’est détérioré ». Bernard Hoursiangou, qui met en avant « l’action primordiale menée par la Fondation, expression de la solidarité qui règne dans le rugby », rappelle que « les assemblées générales de Rugby Espoir Solidarité ne sont pas un rassemblement de gens mélancoliques car nous exprimons notre joie de vivre plutôt que nous apitoyer sur notre sort et c’est le seul moyen de s’en sortir ! » Il choisit d’ailleurs de positiver, en soulignant: « Dans la mesure où j’ai pu récupérer en partie mes moyens, j’ai eu une chance phénoménale. Car, il y a quarante ans, il était impossible d’étudier en fauteuil à l’université et il y a eu des progrès sur l’accessibilité, même s’il reste beaucoup à faire ». D’ailleurs, la page d’accueil du site de RES, où défile un compte à rebours concernant la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, pose question: « Dans les faits, c’est pour quand ? »

Journaliste : Félix Chiocca – Photographe : Loïc Dequier