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Gwenaël Faulong, une passion intacte

Article paru dans RUGBY MAG (n° 1147 de novembre 2015)

 Une passion intacte

 À 25 ans, Gwenaël Faulong, gravement blessé en 2010 et qui se déplace en fauteuil, est aujourd’hui entraîneur d’une équipe de cadets d’une entente des environs de Tarbes. Il est aussi en train de créer une entreprise de location de véhicules pour les personnes à mobilité réduite.

 « J’ai presque repris ma vie d’avant. Après un accident, on récupère et tout repart. Je fais les mêmes choses, mais pas forcément de la même façon. Des gens me demandent parfois comment on fait pour ne pas être malheureux et je réponds il n’y a pas de raison de l’être ». Gwenaël Faulong se déplace en fauteuil électrique. Il a été victime d’un grave accident le 3 avril 2010, à l’âge de 20 ans, alors qu’il disputait un match de Reichel sous le maillot de Lannemezan contre Biarritz et qu’il jouait au poste de talonneur. « Sur une mêlée fermée, sur l’impact, nous sommes allés au sol et ma tête a frappé par terre. Je suis resté conscient et j’ai été amené à l’hôpital de Lannemezan pour un scanner, avant d’être opéré à Rangueil à Toulouse où je suis resté un mois ». Il rejoint ensuite le centre de rééducation de Verdaich pendant près d’une année.

Etudiant de deuxième année de DUT en gestion d’entreprise, à Tarbes, au moment de son accident, il a essayé de poursuivre ses études à Verdaich. « Mais cela n’a pas marché pour diverses raisons. Aujourd’hui, je suis en train de créer une entreprise de location de véhicules pour les personnes à mobilité réduite. J’en suis aux études de marché et j’ai prévu de m’installer à Toulouse à la fin du mois d’octobre », explique-t-il alors qu’il habitait à Campuzan, une petite commune des Hautes-Pyrénées située au nord de Lannemezan où vivent ses parents. Un déménagement et une activité professionnelle qui marquent le début d’une nouvelle étape pour Gwenaël, déterminé et enthousiaste à l’évocation de ce tournant.

Le jeune homme indique que le rugby a toujours occupé une large part dans sa vie et souligne « c’est encore plus de 60% de mon temps actuellement ». Il est resté en contact avec ses anciens partenaires (« je leur dois beaucoup, on était déjà très amis avant et ils m’aident énormément ») et avec son club où il a été dirigeant. Il a fait de l’analyse vidéo pour l’équipe première qui était à l’époque en Fédérale 1 (aujourd’hui en Fédérale 2) et pour les juniors Belascain.

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DIPLÔMES D’ENTRAÎNEUR

Une passion qu’il continue d’entretenir puisqu’il entraîne les cadets de l’entente des Côteaux de Trie-sur-Baise et Pouyastruc, deux fois par semaine plus le match du samedi. « J’ai passé mes diplômes. Je suis même plus investi que lorsque j’étais joueur. » Il fait partie d’un groupe de huit éducateurs et dirigeants pour les deux équipes. « Le but, c’est de les faire progresser, tout en les faisant réfléchir sur ce qu’ils font. Il faut réussir à les intéresser. Ce sont des adolescents en or. On ne parle pas du fauteuil. Tout se passe naturellement », souligne-t-il.

Il est venu l’an dernier à l’Assemblée Générale de Rugby Espoir Solidarité à Gradignan et il y est retourné cette année. L’occasion de dire sa satisfaction de se retrouver avec d’autres grands blessés. « C’est même dommage qu’on ne se retrouve pas un peu plus souvent pour échanger dans un cadre moins formel, même s’il y a un écart de génération avec la plupart des autres participants, pour nous changer de nos cercles de relations ». Concernant la Fondation Albert Ferrasse, il précise que ses parents avaient bénéficié « du fonds de solidarité de démarrage juste après l’accident, ce qui a été un bon coup de pouce pour venir me voir à Toulouse et c’est une action très importante ». Il ajoute: « J’ai l’impression que les blessés d’avant se retrouvent, se connaissent et ont dû se serrer les coudes alors que les blessés plus récents ne vivent pas forcément cela. Le rôle de l’assurance a beaucoup changé les choses et cela permet de se poser d’autres questions que celles de l’argent. Ce que réalise la Fondation est énorme. Elle répond très volontiers à nos interrogations ».

Texte : Félix Chiocca – Photo : Laurent Dard