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Pierre Tarance : sa vie est à VANNES

Article paru dans RUGBY MAG n° 1159 (janvier 2017)

Sa vie est à VANNES

 Blessé en 2010 alors qu’il portait le maillot du RC Vannes, Pierre Tarance est resté proche de son club dont il est aujourd’hui l’un des administrateurs. Il a par ailleurs ouvert un restaurant saisonnier, avec des amis, dans le Golfe du Morbihan. Sa vie est ici…

Il a joué à St-Paul-les-Dax, puis à Tyrosse avant de rejoindre Vannes en 2007. C’est à l’occasion d’un match de Fédérale 1 contre Limoges que Pierre Tarance, trois-quarts centre ce jour-là, a été victime d’un grave accident le 10 octobre 2010. « Sur un plaquage dangereux, un maul s’est formé et j’ai continué ma chute. Je suis tétraplégique avec une luxation des vertèbres cervicales C5-C6 et une compression de la moelle épinière », explique ce Landais originaire de Pouillon, aujourd’hui âgé de 33 ans et qui habite toujours à Vannes. « J’ai récupéré un peu de tonicité au niveau des bras et du tronc, j’arrive à me servir de mes mains mais, même si j’arrive à pousser sur mes jambes,je ne peux pas marcher et je suis en fauteuil toute la journée. »

Toujours resté conscient, il est emmené dans un premier temps à l’hôpital de Vannes avant d’être opéré à Rennes et de revenir ensuite en observation à Vannes. Deux semaines plus tard, il part suivre sa rééducation au centre de Kerpape, dans le Morbihan, où il restera vingt mois. Menuisier dans une entreprise qui fabrique des multicoques de course au moment de son accident, il n’a pas pu reprendre son activité professionnelle. « Mon épouse est kinésithérapeute et je fais sa comptabilité. D’autre part, avec des amis, on a acheté un restaurant saisonnier à Larmor-Baden, près de Vannes dans le golfe du Morbihan. Je m’occupe des papiers et de la compta. Pour notre premier été, cette année, cela a bien marché », explique-t-il.

Pierre se félicite aussi d’avoir toujours eu son club et ses partenaires auprès de lui dans l’épreuve qu’il a traversée. « La veille de mon accident,je finissais ma terrasse et la maison n’était pas terminée. Ils ont la mis la main à la pâte pour la finir et pour que je puisse rentrer le week-end chez moi. A l’hôpital et à Kerpape, ils étaient présents et il y avait le président de l’époque, Alain Berthe, et même les supporteurs ont été à mes côtés », souligne-t-il.

ADMINISTRATEUR DU RCV

Très attaché à sa région d’adoption, l’intéressé n’a jamais coupé les ponts avec son club. Il est même entré au conseil d’administration du RCV lors du passage en SASP et vient au stade de la Rabine pour assister aux matchs en Pro D2. « Je n’ai aucune rancoeur à l’égard de mon sport. Quinze jours après mon accident, je regardais le rugby à la télé et je n’ai jamais eu de problème avec ça ». Pierre Tarance espère que son club réussira à se maintenir cette saison. L’effectif a changé par rapport à son époque, mais il reste encore dans le groupe trois joueurs avec lesquels il a évolué : « il y a le capitaine et demi de mêlée Clément Payen, le talonneur Régis Loubéry qui était le témoin de mon mariage, et le 3° ligne François Bourdrel qui s’est blessé en début de saison ».

Pierre Tarance, outre deux séances hebdomadaires de kiné à domicile, se rend une fois par semaine à l’hôpital. « J’ai l’impression que cela évolue encore un peu. Mais pour savoir si c’est de l’évolution ou de l’adaptation au handicap… la frontière est étroite ». Il entretient des relations avec Rugby Espoir Solidarité et s’est déjà rendu à une assemblée générale de l’association. « C’était très intéressant. Je me suis retrouvé avec des gens que j’avais perdus de vue depuis des années et j’ai passé une bonne journée. Que l’on soit blessé récent ou non, on est tous dans le même bateau ».

A propos de la Fondation Albert Ferrasse, il souligne que « les responsables sont toujours à l’écoute. Je leur tire mon chapeau. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’aller voir une finale du Top 14 au Stade de France. J’avais été pris en charge et c’était vraiment sympa de vivre ce moment avec des gens adorables. Cela fait vraiment chaud au cœur d’être considéré comme ça ».

Texte : Félix Chiocca – Photo : C. Bertolin