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Michel Pedebiben, un combat de 40 ans

Article paru dans RUGBY MAG n° 1161 (mars 2017)

Un combat de 40 ans

 Blessé en 1974, à l’âge de 27 ans, Michel Pedebiben a ensuite été dirigeant et président du RCJurançon, le club auquel il est resté fidèle. Aujourd’hui, il est devenu supporter de la Section paloise.

 À 69 ans, il habite toujours à Bosdarros, un petit village situé à une quinzaine de kilomètres de Pau. C’est non loin de là, à Gan, que Michel Pedebiben a commencé à pratiquer le rugby à l’âge de 17 ans. Il y restera pendant quatre ans avec une parenthèse durant son service militaire effectué à la base aérienne de Cazaux en Gironde.

« C’est l’abbé Salette, qui jouait à Gan, qui m’a fait débuter. J’étais troisième ligne aile ou trois-quarts aile ». En 1971, il rejoint le RC Jurançon. « Un nouveau club s’est formé après des problèmes entre dirigeants et j’y ai joué jusqu’à mon accident survenu le 6 octobre 1974 alors que j’avais 27 ans ». Sur le terrain de Menditte, au Pays Basque, lors d’une rencontre de Quatrième Série. « C’était le premier match officiel du club et pour moi le dernier ».

Michel Pedebiben jouait au poste de pilier pour remplacer le titulaire qui était blessé. « Vers la 70e minute, une mêlée s’est effondrée. Je suis resté allongé au sol et, sur le moment, j’étais totalement paralysé ». Transporté jusqu’à la clinique Larrieu à Pau où « un pincement de la moëlle au niveau des vertèbres C5-C6 a été diagnostiqué », il a été opéré dans la soirée. « Quelque temps après, j’ai commencé à récupérer un peu les bras mais j’avais beaucoup de difficulté pour les mains ».

Après un mois et demi d’hospitalisation, il est parti en rééducation. « Je suis resté un an et demi à Dax, au centre de Thermes Adour. J’ai commencé à marcher entre des barres parallèles, puis avec un déambulateur. Je suis ensuite rentré chez moi », explique-t-il. « Mais je me déplaçais toujours en fauteuil, hormis trois-quarts d’heure de marche par jour en guise de rééducation ».

PRÉSIDENT DE SON CLUB

Avant son accident, Michel Pedebiben, qui était plâtrier dans une entreprise, vivait chez ses parents. Il était marié à Hélène, avec laquelle il vit toujours, et père d’un fils de deux ans et demi. « Mais, après, ce n’était plus possible pour moi et il a fallu bâtir une maison adaptée pour me faciliter la vie ». Il poursuit : « J’ai toujours été soutenu par ma famille et par le milieu du rugby. Le rugby fait toujours partie de ma vie ».

Michel n’a en effet jamais coupé les ponts avec son club où il a été dirigeant pendant une vingtaine d’années et même président du RC Jurançon en 1991/1992. « Cela n’a duré qu’une saison car c’était trop contraignant pour moi d’aller au club chaque jour et j’ai préféré passer la main », explique-t-il.

Son autre centre d’intérêt est la pêche. « Même si je me déplace moins, il m’arrive d’aller jusqu’à l’Océan. Avant, je pêchais des éperlans et maintenant, je me suis mis aux mulets. Mais il ne m’est pas possible de pêcher en rivière en raison des difficultés d’accès ».

Michel Pedebiben, qui fait partie des « anciens » grands blessés, souligne le travail fourni par la Fondation Albert Ferrasse. « C’est un rôle très important, un soutien énorme, qui nous facilite le quotidien. Pour moi, cela a été notamment l’aménagement du véhicule qui me permet de conduire et l’informatique également ». Se rendant régulièrement aux assemblées générales de Rugby Espoir Solidarité, il apprécie la présence des représentants de la Fédération. « Ils viennent et c’est normal de faire l’effort de nous déplacer. Il faut que tout le monde le comprenne. On ne peut pas se plaindre et regretter qu’on nous laisse de côté si on ne fait pas non plus d’efforts », souligne Michel Pedebiben dont la passion du rugby le conduit à « aller voir jouer la Section paloise dont le travail en profondeur devrait payer un jour ».

Texte : Félix Chiocca – Photo : Jean-Lois Duzert