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Alexandre Barozzi : la vie devant soi

Article paru dans RUGBY MAG n° 1165 (juillet/août 2017)

L’ancien pilier professionnel qui a évolué à Auch, Biarritz et Brive a été blessé en septembre 2013 à l’occasion d’un match entre Lannemezan et Bagnères-de­ Bigorre. Mais il veut regarder devant lui et il reste très proche du milieu du rugby.

 Son accident avait suscité une très vive émotion, au-delà même du monde du rugby. Une médiatisation qui peut s’expliquer par le fait qu’Alexandre Barozzi était un joueur professionnel. Le 29 septembre 2013, le pilier, passé par Auch (Pro D2 et Top14), Biarritz (Top 14) et Brive (Top 14 et Pro D2) et alors en Fédérale 1 sous le maillot de Lannemezan, était victime d’une section complète de la moelle épinière au niveau des vertèbres cervicales C3-C4 lors d’un match contre Bagnères-de-Bigorre après une mêlée effondrée.

 Âgé alors de 27 ans, Alexandre Barozzi a été tout d’abord admis à l’hôpital Rangueil de Toulouse jusqu’en janvier 2014, avant de rejoindre le centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle de Verdaich, à Gaillac-Toulza, qu’il a quitté en avril 2015. Il vit aujourd’hui avec son épouse Isabelle et son fils Léandro âgé de quatre ans à L’isle­ Jourdain (Gers) dans une maison aménagée. Tétraplégique, Alexandre Barozzi n’a jamais coupé les ponts avec le rugby. « J’ai été entouré par mes proches dès le départ et j’ai senti aussi beaucoup de solidarité de la part du milieu du rugby, la Fondation Albert Ferrasse, Provale le syndicat des joueurs avec l’équipe de Gaël Arandiga (le directeur général) et Mathilde Lacrouts, et surtout les joueurs et dirigeants du club de Brive. Je suis toujours en contact avec Simon Gil­ham (le président briviste), Arnaud Méla, Arnaud Mignardi et Julien Le Devedec », Celui qui a passé deux saisons en Corrèze, entre 2011 et 2013, reconnaît « il y a un état d’esprit particulier à Brive et j’y ai tissé des liens assez forts ».

 Alexandre Barozzi s’était d’ailleurs investi lors de la saison 2015-2016 avec Marciac, en 2e Série, le club où il a débuté à l’école de rugby, pour s’occuper de la vidéo et de l’analyse de match « afin de leur donner quelques conseils ». Il lui arrive aussi d’assister à des matchs de Brive « en Corrèze quand je peux et quand ils viennent à Toulouse », de l’équipe de France et de Marciac.

 ATTENTION À NE PAS IMITER LES « PRO »

 Les journées d’Alexandre Barozzi sont notamment rythmées par une séance de kiné quotidienne d’une heure et demie et, bien sûr, par sa vie familiale. « Quand le petit rentre de l’école, je m’occupe de lui comme tous les papas. Les journées passent vite. Il y a aussi les amis et la famille que l’on voit le week-end ». En relation avec Jean Arhancet et Serge Gros, Alexandre Barozzi rend hommage aux efforts fournis par la Fondation Albert Ferrasse. « Pour le moment, je n’envisage pas de m’engager car je préfère m’occuper de ma famille mais je tiens à souligner que l’action qu’elle mène est très importante ». Il ajoute: « Ce que réalise Rugby Espoir Solidarité est également très utile ». Il se pourrait même qu’il assiste à l’assemblée générale annuelle de RES, à Gradignan, près de Bordeaux. « Pas cette année mais cela se fera un jour ».

L’intéressé se veut pédagogique quand il explique que son accident « est très rare chez les professionnels mais que le danger est de voir le monde amateur vouloir reproduire ce qui se passe au plus haut niveau alors que les professionnels, eux, sont préparés à une certaine forme de rugby Mieux vaudrait chercher à jouer un rugby de mouvement. D’ailleurs, quand on regarde les All Blacks, on voit qu’ils ne font pas un jeu de rentre-dedans ». Et de lancer à propos de ce qui a bouleversé sa vie: « C’est le destin et on ne peut pas en vouloir au rugby Si cela n’était pas arrivé sur un terrain, cela aurait pu survenir dans d’autres conditions. Maintenant, je regarde devant ! »

 Texte : Felix Chiocca – Photo : Manuel Blondeau/AOP PRESS