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Patrice Moro et sa nouvelle passion

Article paru dans RUGBY MAG (n° 1143 de mai 2015)

Patrice et sa nouvelle passion

Blessé en 1994, Patrice Moro parcourt chaquejour les routes du Gers et des Landes tout en continuant à s’intéresser au rugby

Il habite à Saint-Germé, une commune du Gers, située a la limite des Landes près d`Aire-sur-l’Adour. A 45 ans, Patrice Moro connaît les routes des environs pour y rouler quotidiennement.

« Cest un vélo qui s’accroche sur le fauteuil et je l’actionne avec les bras. Je fais chaque jour des sorties de plusieurs kilomètres. Cela me fait du bien. Je me promène et j’en profite pour aller voir ma famille. C’est une véritable passion. Cela me manque quand je n’en fais pas », explique celui qui a été blessé en décembre 1994 sous le maillot de la Jeunesse Sportive Riscloise à l’occasion d’un match de championnat de 2° Division de l’époque. « On jouait à domicile contre Eauze et ce jour-là, j’étais 3° ligne, mais il m’est arrivé de faire une saison au “talon” ou de jouer 2° ligne. Je dépannais ».

Après une fracture des vertèbres cervicales C6-C7, Patrice Moro qui se déplace en fauteuil est un tétraplégique incomplet « après avoir repris au niveau des bras, mais pas des doigts ». Emmené à l’hôpital Purpan à Toulouse où il va rester deux mois et demi, il passe ensuite un mois au centre de rééducation de Nouvielle à Mont-de-Marsan, avant de partir, « sur les conseils de Jean Arhancet », à la Tour de Gassies à Bruges près de Bordeaux où il séjournera près de dix mois.

Alors qu’il s’était marié au mois d’août précédent son accident, Patrice Moro, alors menuisier dans le village voisin de Lelin-Lapujolle, a dû mettre un terme à son activité professionnelle. S’il reconnaît que son club est resté présent auprès de lui, notamment en organisant des manifestations en sa faveur, il avoue ne pas aimer se mettre en avant : « C’était davantage moi qui m’étais un peu isolé qu’autre chose. Même aujourd’hui, je préfère rester discret ». Mais il n’en continue pas moins de suivre l’actualité du ballon ovale. « Cela aurait pu m’arriver sur la route, aussi je n’en veux pas du tout au rugby » lâche-t-il, « je vois toujours certains anciens coéquipiers et j’en croise certains quand je fais du vélo ».

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LES MENTALITÉS CHANGENT

Patrice Moro préfère regarder les matchs à la télévision et il évoque d’ailleurs avec optimisme les chances de l’équipe de France lors du prochain rendez-vous mondial en Angleterre. « On n’est jamais bon entre les Coupes du monde et on est toujours bons en Coupe du monde, il y a donc de l’espoir ! » Il suit aussi avec attention les résultats du FC Auch Gers en Fédérale 1. Mais il limite ses déplacements dans les stades. « Tout d’abord, ce n’est pas terrible pour bien voir. Et puis je n’aime pas revenir au stade où j’ai eu mon accident. Quand j’y suis, je ne vise que l’endroit où cela s’est produit ».

Patrice apprécie aussi « les sorties, notamment dans les bois, en 4×4 aménagé, avec quatre roues motrices dans lequel je monte avec le fauteuil » Il assiste régulièrement aux assemblées générales de l’association Rugby Espoir Solidarité. « J’essaie de me tenir au courant. Jean Arhancet nous demande de nous investir un peu plus, mais il connaît mon caractère et il sait que j’aime bien rester en retrait ». Son regard sur la Fondation Albert Ferrasse lui fait dire « qu’il s’agit d’une action remarquable et inespérée pour les blessés comme moi, notamment dans l’aide régulière pour l’achat des fauteuils. Heureusement que la Fondation est la ! » Evoquant « une vie forcément différente » il constate avec satisfaction que « les mentalités changent par rapport au handicap et de notre côté, on s’expose aussi beaucoup plus qu’avant ».

Texte : Félix Chiocca – Photo : Bernard Delage