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Franck Rivet : « Je m’en suis bien sorti »

Article paru dans RUGBY MAG n° 1162 (avril 2017)

« Je m’en suis BIEN SORTI »

 Franck Rivet, gravement accidenté lors d’un match en 1990, a longtemps connu des problèmes d’élocution et de compréhension mais n’a jamais perdu l’usage de ses jambes. L’ancien ailier francilien peut donc s’estimer heureux et n’oublie pas de rendre hommage au courage des autres grands blessés du rugby.

 « J’ai commencé par faire du sprint au club d’athlétisme de Deuil-la-Barre, dans le Val-d’Oise, à l’époque de Chantal Réga (la meilleure sprinteuse française des années 70) et d’Aldo Conti (ex-recordman de France du 400m). Ce n’est qu’à l’âge de 23 ans que je me suis mis au rugby », raconte Franck Rivet. Rien de plus normal, dès lors, que de le retrouver au poste d’ailier, tout d’abord à Maisons-Laffitte puis à l’ASPTT.

Ironie du sort, c’est à l’occasion d’un match amical entre ces deux équipes, alors qu’il évoluait avec l’ASPTT depuis le début de la saison, qu’il a été gravement blessé le 16 juin 1990. Il était âgé de 28 ans. « Sur un choc avec un adversaire qui m’a percuté, j’ai eu le coup du lapin avec une dissection de la carotide », explique-t-il en racontant les circonstances étonnantes qui ont suivi cet accident. « Je me suis relevé et j’ai continué, j’ai fait une cinquantaine de mètres et j’ai même marqué un essai, mais je ne me sentais pas bien. Je me suis mis sur la touche et je suis rentré aux vestiaires. C’est en prenant ma douche que j’ai perdu connaissance. Il y avait mon frère et les copains qui m’ont pris en charge ». Franck Rivet est transporté à la clinique de Maisons-Laffitte. Puis il se retrouve au service de neurologie de l’hôpital Sainte-Anne à Paris. « Je me demandais ce que je faisais là et il m’a fallu près d’une heure pour comprendre. Je venais de passer une semaine dans le coma ». Il est confronté à un important problème d’élocution et de compréhension. « Mais j’ai eu de la chance car je marche, contrairement à d’autres grands blessés du rugby et j’ai récupéré du côté gauche, même s’il y a des séquelles et je suis d’ailleurs en invalidité à 80 %. ».

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Une situation qui l’a empêché de reprendre son activité de tapissier dans l’entreprise familiale de son père, spécialisée dans le siège ancien, située à Luzarches, commune du Val d’Oise où il vit toujours. « A cause de ma main gauche. Moi qui était gaucher au départ, je suis lent et je ne peux pas faire certains travaux même si je suis devenu droitier ».

Hospitalisé pendant un mois à Sainte-Anne, Franck Rivet a ensuite passé régulièrement des examens au centre de neurologie de l’hôpital parisien. Il a été soutenu par sa famille (il était marié et père du premier de ses deux fils en 1990) et par son frère Vincent. La famille du rugby s’est tenue également à ses côtés par l’intermédiaire d’anciens coéquipiers de l’ASPTT et de Maisons-Laffitte. « On se connaissait tous, les deux clubs étaient en Deuxième division et on se voyait régulièrement ». Il se félicite d’ailleurs de l’action de la Fondation Albert Ferrasse et de son président Jean Arhancet « qui nous soutient beaucoup ». Mais aujourd’hui, à 55 ans, Franck Rivet a pris ses distances. « Pas du tout par rancœur à l’égard de ce sport qui est très beau mais simplement parce que j’ai d’autres centres d’intérêt ». Il s’est déjà rendu fréquemment en Afrique, avant et après son accident. « Je me dis qu’à mon âge, si je peux encore voyager, je dois en profiter… parce qu’avec mes problèmes d’élocution, je m’étais un peu replié sur moi-même. J’ai dû attendre des années pour parler correctement ».

Il ajoute, en guise de conclusion : « Je ne me plains pas. Quand je vois d’autres grands blessés à l’assemblée générale de Rugby Espoir Solidarité, à Gradignan, je leur dis chapeau ! » Franck Rivet estime en effet qu’il ne s’en est « pas trop mal sorti ».

Texte : Félix Chiocca – Photo : Christophe Bertolin